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"Windungen" - Festival Suresnes Cités Danse (2008)

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Pour sa première collaboration avec le Festival Suresnes Cités Danse, le chorégraphe israélien Emanuel Gat a décidé de conserver son mode de fabrication libre et sans a priori. S’il se sent proche du hip hop par son côté direct et immédiat, Emanuel Gat est entré en studio sans plan établi, et a dégagé peu à peu les grandsaxes de la pièce, en complicité étroite avec les interprètes. “J’ai généralement déjà choisi la musique lorsque je commence les répétitions d’un spectacle, mais pas toujours” précise-t-il. “Je préfère me lancer et voir comment les choses et les gens m’emportent. Il s’agit plus d’être aux aguets des possibilités qui apparaissent sur le moment, plutôt que de forcer un concept préalablement fixé.” Lors des auditions, Emanuel Gat a choisi cinq danseurs masculins hip hop comme il choisirait des danseurs contemporains. “Leur habileté et capacité à utiliser la danse comme outil de communication, avec cette touche spéciale qu’est l’originalité et qu’on ne peutpas définir”, tels sont ses critères de sélection.

Emanuel Gat attend au moins deux choses de cette création : qu’elle représente à sa façon un défi artistique et qu’elle lui donne du plaisir.

“Ce qui me frappe chez ces danseurs, c'est leur joie de danser. Elle est perdue dans le monde professionnel. Là, le moindre travail est perçu comme un jeu. J'espère que ça restera perceptible dans la pièce”, dit Emanuel Gat. Le chorégraphe israélien compose avec les figures que lui proposent les danseurs au lieu de leur imposer sagestuelle. Il leur impose par contre Xenakis : “Même si je crée la pièce en les faisant danser sur toutes sortes de musique, je voulais qu'au final la danse ne s'appuie passur une musique rythmée par un beat.”

Musique : Windungen pour 12 violoncelles de Iannis Xenakis, “Au plus profond d’un étrange rêve éveillé” de Robert Pascal.
Chorégraphie, lumières et costumes : Emanuel Gat
Danseurs : Adam Alli, Daravirak Bun Gaëtan, Brun Picard, Vincent Simon, Fabrice Taraud
Production : Festival Suresnes Cités Danse 2008 - Cités Danse Connexions

Jeux de jambes. Plus abstraite, la pièce d’Emanuel Gat, chorégraphe israélien et contemporain, est avant tout musicale. Windungen réunit cinq jeunes danseurs recrutés lors d’une audition à Suresnes. A son habitude, le chorégraphe a su magnifiquement utiliser les bras, mais le hip-hop lui permet aussi d’enrichir la gamme des pas et les jeux de jambe. C’est parfait.

Marie-Cristine Vernay / LIBÉRATION

La chorégraphie d'Emanuel Gat est une belle réussite. Emanuel Gat entraîne les danseurs hip-hop dans une direction inhabituelle, il crée une pièce austère, âpre. La pièce débute dans le silence puis les danseurs dansent sur une musique contemporaine. Les danseurs sont impassibles, ils ont une gestuelle pleine de tension.

Ariane Bavelier, FIGAROSCOPE

On applaudit très fort le Windungen pour cinq danseurs de l'Israélien Emanuel Gat sur une musique de Xenakis. Windungen, c'est une oeuvre éminemment mathématique pour douze violoncelles passés à l'ordinateur. Le chorégraphe réussit la gageure de composer une espèce de commando cérébral pour hip hop mis au pas. Il ne s'agit pas d'une maison de redressement mais d'un espace où l'on approfondit son schéma corporel. En pantalon noir et pull moulant gris, les cinq interprètes s’arrachent les tripes.

Muriel Steinmetz, L’HUMANITÉ

A coup d’ondulations et de secousses, comme une corde serpentine qu’on tendrait subitement, Emanuel Gat travaille la matière musculaire de ses interprètes comme Xenakis sculpte le son contenu dans les 12 caisses de résonance des 12 violoncelles – thorax ondulants dont la voix est une danse, le souffle un mouvement sec. Mêlant avec une virtuosité confondante les techniques dites de release propres à la danse contemporaine, et celles – beaucoup plus toniques – de pop, spécifiques au hip hop, Gat parvient à donner l’image saisissante de corps à la fois traversés par une dynamique sinueuse, et déchargeant celle-ci à son passage – au sens d’une décharge électrique.

Jeremy Nabati, PARIS-ART.COM